Vous voulez bosser gratis 16 jours par an ? Zappez votre pause déj’
 
Le journal libération(www.liberation.fr/) publie un article intéressant concernant les travailleurs qui zappent leur pause déjeuner.
Vu le nombre impressionnant de collègues condamnés à rester dans le service d’hospitalisation pendant la pause déjeuner, il parait intéressant de le retranscrire ici.
Même si on parle de bureau, tout le monde pourra resituer cet article dans son propre milieu professionnel.
 
Ne pas sortir du bureau pour déjeuner, c’est travailler 128 heures par an, gratuitement.
Par LIBÉRATION.FR
 
Salariés qui expédiez votre déjeuner rapidement en restant au bureau, sachez que vous offrez seize jours de travail « gratuit » chaque année à votre entreprise. C’est ce qu’ont calculé des chercheurs de l’université Aston, à Birmingham. Un dossier à boucler, un rendez-vous téléphonique qui tombe mal, la peur de se faire mal voir... près de 60% des 1 000 salariés anglais interrogés admettent zapper leur pause déjeuner et manger le nez sur leur écran d’ordinateur. Et les deux tiers prennent une pause d’une demi-heure maximum, alors que leur contrat prévoit une heure de coupure. Un quart des salariés interrogés profitent aussi de leur pause pour garder contact avec des clients ou des relations professionnelles.
 
L’austérité jusque dans les assiettes des salariés…
 
Selon la presse britannique, la principale raison à ce zèle serait le souci de ne pas passer pour un tire-au-flanc aux yeux de son patron. « Je n’ai pas pris une seule pause déjeuner depuis deux ans, explique ainsi Tammy Phillips, une jeune attachée de presse de Birmingham, dans le Sun. Les bureaux sont plus calmes pendant la pause déjeuner, et ça ne fait jamais de mal à votre carrière que votre patron vous voit à votre poste à ce moment-là. Je m’arrêterai quand je serai moi-même boss. »
 
Ann Tonks, la directrice du Business District de Colmore, Birmingham, pointe quant à elle la crise économique comme responsable : « Je pense que l’ethos de l’austérité a profondément affecté notre attitude à l’égard du déjeuner, analyse-t-elle dans le Daily Mail. Je peux de façon quasi certaine pointer ce jour d’octobre 2008 où l’économie s’est ralentie et où la prise en charge des frais de déjeuner a été drastiquement réduite. »
 
Travailler moins pour travailler mieux.
 
Pourtant, le docteur Patrick Tissington, qui a piloté l’étude, explique dans le Sun qu’il est « important de prendre des pauses régulières, de se lever, de bouger et de marcher » pendant le travail. « Se reposer ou prendre une pause dans la journée aide à s’aérer l’esprit et préparer à une après-midi productive », indique-t-il, affirmant lui même s’obliger à quitter son bureau à midi et à déjeuner dans des endroits différents, en variant les trajets.
 
D’autant que lorsqu’un salarié prend une pause, son cerveau continue de s’activer, comme le rappelaient en juin dernier le psychologue Yves François et le docteur en neurosciences Jérémy Grivel, dans les colonnes de Rue89 : « Nous nous mettons sur pause. Le cerveau reste très actif. Il consomme autant d’énergie que quand il lit une page. Mais il fonctionne différemment. »
 
En France aussi, la tendance est au raccourcissement du temps accordé à la pause déj’. A l’automne 2011, une étude menée par le groupe mutualiste Malakoff Medéric montrait qu’elle durait vingt-deux minutes en moyenne, contre une heure trente-huit il y a vingt ans.
 
Pour la CGT COCHIN, le travail gratuit non consenti (périphrase pour designer une nouvelle forme d’esclavage) est un scandale ! Rappelons que pour les équipes de jour et les gens travaillant en horaire diurnes, le temps de pause déjeuner est de 45 minutes dont 30 non payées !! (les équipes d’après-midi et de nuit ont droit à une pause de 20 minutes comprise dans le temps de travail).
 
Arrêtons de nous faire plumer !
 

francois senac, IDE CGT nuit