Syndicat CGT Hopital COCHIN

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Lundi 24 aout, LA CGT COCHIN a commémoré la...

lundi 24 août 2020 par François Sénac IDE, Marise Dantin Ancienne Secrétaire Générale

Lundi 24 aout, LA CGT COCHIN a commémoré la libération de PARIS pour les sites COCHIN, PORT ROYAL et TARNIER.

Cette reconnaissance de l’action heroique et risquée des parisiens de 1944 s’avère necessaire alors que la Direction etait uniquement representée par 2 Directrices : Celle des affaires medicales et celle des travaux.

Comme depuis plusieurs années , la Directrice de COCHIN etait invisible.

Pourtant, ce qu’on doit aujourd’hui à ces resistants qui ont liberé PARIS en 1944, la CGT COCHIN a tenu ,comme chaque années à le rappeler.

Anne SCAVINER a lu le discours de la CGTCOCHIN ci-dessous.

"Il y a 76 ans, les Parisiens libéraient leur ville de 4 ans d’occupation nazie.
Motivés par la résistance et son chef, le colonel Roll-Tanguy, motivés aussi par l’espoir de l’arrivée providentielle de la 2eme DB du général LECLERC , ils se soulevaient contre le général allemand du régime nazi , VON CHOLTITZ, connu pour sa sauvagerie sur le front de l’est et pour ses massacres d’otages dans le cadre de représailles collectives exercées sur des Français dans le bois de Boulogne.
De fait, une poignée de Français ne se sont jamais soumis aux occupants nazis.
Le CNR (Conseil National de la Résistance), dans lequel tous les Français avides de justice et de liberté se sont retrouvés, à l’exclusion des collaborateurs, ont permis ce grand mouvement de libération de la capitale et de la France.
Toutes ces femmes et ces hommes ont tous risqué leur vie et celle de leur famille en poursuivant un idéal de fraternité et de démocratie.
Ils risquaient à tout moment d’être dénoncés par les collabos à la botte de l’ennemi. Beaucoup sont morts fusillés ou déportés, victimes de la sauvagerie des nazis.
Par exemple, La Directrice de COCHIN de l’époque, Madame SABATIER, avait menacé des agents de COCHIN, résistants communistes et syndiqués, de les faire passer, je cite « au poteau en toute conscience » ! Elle fut destituée à la libération et jugée par le tribunal de l’épuration.

Corentin CELTON infirmier, secrétaire générale de la CGT, a été, lui, fusillé par l’occupant après avoir été dénoncé à la Gestapo par Serge GAS, Directeur Général de l’Assistance Publique de l’époque. Serge GAS, collaborateur servile des nazis, a été révoqué sans pension à la Libération de Paris.
Ceux qui ont pu survivre à tous ces dangers en luttant contre l’oppression nazie ont voulu créer la base d’un monde plus fraternel, plus juste.
Dans le CNR, toutes les composantes de la société qui ne s’étaient pas déshonorées en collaborant avec les nazis étaient représentées.
Force est de constater qu’un grand nombre de grands patrons de l’industrie française qui avaient très largement collaboré n’ont pas pu, de ce fait, intégrer le CNR. D’ailleurs de nombreuses grandes entreprises et banques ont été nationalisées : (EDF, SNCF, Renault).
Le CNR a voulu garantir les libertés politiques, syndicales, de la presse, de conscience..
Le CNR est à l’origine de cette organisation qui garantit les citoyens contre la précarité par un système de solidarité : la Sécurité Sociale.
Ambroise CROIZAT, député communiste et membre actif de la CGT, a conduit la réalisation de ce projet qui permettait à chacun de se soigner selon ses besoins et pas seulement en fonction de ses moyens.
C’est grâce à ce projet de soins pour tous voulu par des idéalistes progressistes que l’hôpital COCHIN fonctionne aujourd’hui.
Depuis de nombreuses décennies, l’idéologie libérale, devenue néo-libérale, c’est-à-dire l’idéologie du capitalisme sauvage, a conduit inéluctablement nos hôpitaux publics à l’indigence sanitaire.
Les différents plans d’économie, les restructurations incessantes, ont rendu l’hôpital public exsangue au profit des structures de santé privées..
Symbole de cette destruction, la T2A est remise en cause aujourd’hui par les responsables politiques de tout bord.
La disparition des lits d’hospitalisation, la réduction incessante des personnels, les sous-équipements volontaires, ont largement remis en cause les chances de survie, dans bien des régions, des victimes de la crise sanitaire de 2020. 
Le projet issu du CNR d’un accès aux soins facilités pour tous est subitement redevenu une évidence pour beaucoup pendant cette crise de la COVID 19.
Pourtant, l’idéologie libérale dominante aujourd’hui poursuit dans sa logique de destruction et continue à réhabiliter des notions d’individualisme. 
Aujourd’hui, l’amnésie collective vis à vis des atrocités de l’époque du régime de VICHY banalise voire valorise des termes stigmatisés lors de la libération par les résistants.
C’est le cas du terme de « collaborateurs » largement employés par le MEDEF et les patrons en 2020.
Le contexte de la montée de l’extrême droite libérale accompagne cette diffusion d’un vocabulaire issu du régime de VICHY.
Cette année, à COCHIN, on a pu déplorer qu’un chef de service fasse un dérapage verbal qualifié de raciste par le président de l’OMS.
Les glissements de vocabulaire malheureux transparaissent aussi avec l’assimilation malsaine de la crise sanitaire du COVID 19 et d’un conflit armé. Les soignants réduits au statut « soldats » ou de « troupes » et les soins assimilés à des batailles, les soignants réduits à l’état d’objets de recherche clinique.
Mais alors qu’en 1944 la reddition de VON CHOLTITZ avait mis un terme aux combats dans PARIS, toute trêve est impossible à négocier aujourd’hui avec la COVID 19 !
L’autoritarisme lié à des contraintes purement gestionnaires a accompagné cette perversion sémantique.
Les agents mobilisés tout le long de l’année pour garantir la santé publique et assurer les soins au péril de leur vie pendant la menace de la COVID 19 ont été en but au mépris de leur Direction. Alors qu’ils répondaient à une invitation du DG pour retirer des signes de reconnaissances liées au service rendu, certains se sont fait traités de « quémandeurs », de « mendiants » par les services de la Direction de COCHIN !
Cette façon brutale de dénier la fraternité inscrite au fronton des bâtiments publics de la République est symptomatique d’une structure qui oublie et renie son histoire.
Obnubilée par des critères comptables, la Direction ne se souvient plus de la finalité humaniste que le CNR a attribué à l’hôpital public.
76 ans après, les témoins de cette époque ont pour la plupart disparu.
Restent les témoignages poignants de ceux qui ont osé transgresser les lois racistes et génocidaires d’un pouvoir pétainiste que la CGT a combattu depuis sa création.
C’est le souvenir de ces femmes et ces hommes, ouvriers, médecins, soignantes et soignants qui ont su renverser en 1944 un ordre mis en place par l’envahisseur nazi que nous célébrons aujourd’hui.
La CGT Cochin, fidèle à cette mémoire et aux valeurs de solidarité et de partage, continuera son combat contre tous les collaborateurs d’un pouvoir qui, sous prétexte de crise sanitaire, a continué à mener l’offensive contre les travailleurs, en profitant notamment de la crise pour réduire encore plus leurs droits à vivre décemment. Et la détermination de la CGT Cochin, comme jadis celle des résistants, sera sans faille."