Syndicat CGT Hopital COCHIN

Poste 11167

Dans un hôpital parisien, les travailleurs sont sceptiques quant au nouveau Président socialiste

mardi 29 mai 2012 par Bernard Giusti Ancien Secrétaire Général Adjoint

Nous publions ci-dessous de larges extraits de l’article de Mike Elk, journaliste américain de In These Times, qui a rencontré récemment Marise Dantin et Bernard Giusti de la CGT COCHIN. L’article en anglais est suivi de la traduction française. 


 

At Paris Hospital, Workers Skeptical of New Socialist President

By Mike Elk

PARIS, FRANCE—Many French trade unionists rejoiced over the defeat of the former conservative President Nicolas Sarkozy by Socialist candidate Francois Hollande earlier this month. Under Sarkozy, public sectors unions were hit with increased privatization of public services and the denial of a cost-of-living adjustment. Sarkozy also vilified labor unions, blaming them for many of the country’s economic woes and the decline of France’s education system.

"In electing Hollande yesterday, the electors chose a presidential candidate who during the campaign had a strong discourse on the necessity of bringing together all French people, whatever their cultural or social origins,” […]. “He’s also the candidate who clearly announced his desire to create a dialogue with social partners […].”

French trade unionists now find themselves in a position similar to that of American trade unionists when Obama was elected four years ago — hopeful for change, but skeptical at the same time. In the midst of economic recession, French trade unionists are excited about Hollande’s pledge to lower the retirement age back to 60, tax the rich, and put penalties on profitable companies that lay off workers. Hollande also vowed to renegotiate austerity pledges made by France under Sarkozy. 

Some public sector workers in France are worried, though, that Hollande will come after them in an attempt to reduce deficits. Last week, Hollande met with German Chancellor Angela Merkel, who is pushing austerity in Europe, and agreed to find a common approach to control debt and encourage growth—a move some interpreted as a sign that Hollande would be embracing the "austerity lite" program that countries across Europe have adopted in response to the debt crisis. 

“Hollande is a pro-capital and pro-Europe guy. Therefore he will implement the policy of Brussels, which means more attacks on the public sector and on the social system,” says Jean-Pierre Page, the former international affairs director for the General Confederation of Labour (CGT) […]. “There is no difference [between Hollande and Sarkozy] except on the appearance.”

 

Workers at Hopital Cochin, an large hospital in Paris, are skeptical that Hollande will do anything to help them. The hospital’s employees have seen working conditions deteriorate sharply under Sarkozy as a result of understaffing and increasing privatization of jobs within the hospital. Programs that once allowed low-skilled workers to train for free for more skilled jobs within the hospital have been eliminated, and workers complain that their wages have remained stagnant, even as the cost of living has increased in France.

“Hollande would stop Sarkozy’s attack on public workers, but he wouldn’t improve things. He hasn’t promised anything on wages,” says Marise Dantin, a hospital worker and member of CGT. […]

 

Workers here see similarities between Hollande and President Obama. While Obama has in very cautious terms defended the right of public employees to collectively bargain, he has also endorsed the mass firing of unionized teachers in Rhode Island, and cut pensions and implemented a pay freeze for federal workers. Fearing that Hollande may engage in similar behavior and that he will allow privatization to move forward and do little to raise the wages of public sector workers, many hospital workers feel they must be more militant than American workers were in pushing back against Obama. 

“We are going to take the streets,” says hospital worker and CGT member Bernard Giusti. “If we don’t fight, we will arrive at the same place as workers in the U.S.”

Translation by Louiko Wiry ; documents translated by Cole Stangler 

http://inthesetimes.com/working/entry/13230/at_paris_hospital_workers_skeptical_of_new_socialist_president/

 

 

 

 

 

 



Dans un hôpital parisien, les travailleurs sont sceptiques quant au nouveau Président socialiste

 

PARIS, FRANCE- Beaucoup de syndicalistes français se réjouissent de la défaite de l’ancien président conservateur Nicolas Sarkozy, battu par le candidat socialiste François Hollande au début du mois. Sous Sarkozy, les syndicats des secteurs publics ont été touchés par une privatisation accrue des services publics et le refus d’un ajustement des salaires sur l’augmentation du coût de la vie. Sarkozy a également attaqué les syndicats, les accusant d’être responsables de la dégradation économique du pays et d’avoir provoqué le déclin du système éducatif en France.

« En élisant Hollande, les électeurs ont choisi un candidat à la présidentielle qui, pendant la campagne, a eu un discours fort sur la nécessité de rassembler tous les Français, quelles que soient leurs origines culturelles ou sociales » […] "Il est aussi le candidat qui a clairement annoncé son désir de créer un dialogue avec les partenaires sociaux […]."

Les syndicalistes français se retrouvent maintenant dans une position similaire à celle des syndicalistes américains, quand Obama a été élu il y a quatre ans — avec l’espoir d’un changement, mais aussi avec un certain scepticisme. En cette période de crise, les syndicalistes français accueillent favorablement l’engagement de Hollande de revenir au départ à la retraite à 60 ans, d’imposer les riches, et de sanctionner les entreprises rentables qui licencient des travailleurs. Hollande a aussi promis de renégocier les engagements d’austérité [vis-à-vis de l’Union Européenne] pris par la France sous Sarkozy.

Certains travailleurs du secteur public en France craignent, cependant, que Hollande revienne sur ses promesses dans sa tentative de réduire les déficits. La semaine dernière, Hollande a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, qui prône l’austérité en Europe, et ils ont convenu de trouver une approche commune pour contrôler la dette et encourager la croissance — entente que certains interprétèrent comme le signe que Hollande serait partisan d’une « austérité atténuée » au sein du programme que les pays d’Europe ont adopté en réponse à la crise de la dette.

"Hollande est un libéral et un pro-européen. Par conséquent, il mettra en œuvre la politique de Bruxelles, ce qui signifie plus d’attaques sur le secteur public et sur le système social », explique Jean-Pierre Page, l’ancien directeur des affaires internationales pour la Confédération générale du travail (CGT) […]. "Il n’y a pas de différence [entre Hollande et Sarkozy], sauf sur la forme."

Les travailleurs de l’Hôpital Cochin, un grand hôpital à Paris, sont sceptiques quant à Hollande, et pensent qu’il ne fera rien pour les aider. Les employés de l’hôpital ont vu les conditions de travail se dégrader fortement sous Sarkozy, avec par exemple comme résultat des sous-effectifs accrus et l’augmentation de la privatisation des emplois au sein de l’hôpital. Les programmes qui ont permis autrefois aux travailleurs peu qualifiés de se former gratuitement pour accéder à des emplois plus qualifiés au sein de l’hôpital ont été supprimés, et les travailleurs se plaignent que leurs salaires ont stagné, alors même que le coût de la vie a augmenté en France.

"Hollande a arrêté l’attaque de Nicolas Sarkozy sur les travailleurs du public, mais il n’améliorera pas beaucoup les choses. Il n’a pas promis quoi que ce soit sur les salaires », dit Marise Dantin, une employée de l’hôpital, membre de la CGT. […]

Les travailleurs y voient des similitudes entre Hollande et le président Obama. Alors qu’Obama a en des termes très prudents défendu le droit des employés du secteur public à négocier collectivement, il a également approuvé une attaque massive contre des enseignants syndiqués dans le Rhode Island, a réduit les pensions et mis en place le gel des salaires des travailleurs fédéraux. Craignant que Hollande s’engage dans la même voie, qu’il permette à la privatisation de s’accroître et n’augmente que très peu les salaires des travailleurs du secteur public, les agents hospitaliers ont le sentiment qu’ils doivent être plus offensifs que les travailleurs américains ne l’ont été contre Obama.

"Nous allons descendre dans les rues," dit Bernard Giusti, agent de l’hôpital et membre de la CGT. "Si nous ne combattons pas, nous aurons le même sort que les travailleurs aux Etats-Unis."

 
[traduction française B. Giusti]
 
publié dans In These Times